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CSIRT / CERT : fonctionnement, missions, enjeux et avenir de la cybersécurité

CSIRT (Computer Security Incident Response Team) / CERT (Computer Emergency Response Team)

Qu’est-ce qu’un CSIRT ou un CERT ?

Aujourd’hui, je vais vous parler de CSIRT (Computer Security Incident Response Team) / CERT (Computer Emergency Response Team). Derrière ces acronymes barbares se cachent des équipes d’experts en sécurité informatique organisées pour réagir en cas d’incident informatique.

Le terme CERT est le plus utilisé et le plus connu mais il s’agit d’une marque américaine qui appartient à l’université Carnegie Mellon. Les CSIRT peuvent demander l’autorisation d’utiliser le nom de « CERT ». Aujourd’hui, 79 CSIRT sont autorisés à utiliser la marque « CERT ».

Origine et histoire des équipes de réponse aux incidents

L’apparition du premier CERT a coïncidé avec la propagation du premier « ver » informatique développé par un étudiant de l’université de Cornell. En novembre 1988, ce programme informatique commence à se propager dans ARPANET. Cet ancêtre d’Internet comprenait à l’époque qu’environ 60 000 ordinateurs. « Morris » c’est le nom donné à ce ver informatique infecte 3 à 4% des machines et perturbe très fortement le réseau.

Pour éliminer ce logiciel malveillant,  une équipe composée d’experts du MIT, de Berkeley et de Purdue a été formée. Ces derniers ont pu procéder au « reverse engineering » du code du ver pour identifier et corriger les failles qu’il exploitait.

C’est à la suite de cet incident majeur que la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) a pris la décision de mettre en œuvre une structure permanente, le CERT / Coordination Center (CERT/CC). La création de cette organisation répondait à la nécessité de disposer d’une équipe capable de répondre à des incidents informatiques et qui pourrait jouer un rôle de coordination avec les administrateurs informatiques des réseaux touchés.

Aujourd’hui des centaines de CSIRT / CERT existent dans le monde entier. Ils appartiennent à des Etats, des administrations, des universités ou des entreprises.

Quelles sont les missions d’un CSIRT ?

Selon le CERT-FR (opéré par l’ANSSI), un CSIRT assume plusieurs responsabilités, telles que :

  • Centralisation des incidents. Les CSIRT sont les points de contact privilégiés en cas d’attaque, permettant la collecte et l’analyse des incidents rapportés.
  • Réponse technique. Ils traitent les alertes et fournissent des recommandations pour limiter l’impact des attaques, souvent en collaboration avec d’autres équipes.
  • Base de vulnérabilités. En fait, un CSIRT maintient une base de données des failles connues pour anticiper les menaces et protéger l’organisation.
  • Prévention. Diffusion d’informations et conseils pour réduire les risques.
  • Coordination. Liaison avec des partenaires externes, incluant d’autres CSIRT ou CERT, fournisseurs d’accès et opérateurs de réseaux.

Généralement un CSIRT est une équipe de sécurité opérationnelle, composée d’experts de différents domaines. Notamment malwares, test d’intrusion, veille, lutte contre la cybercriminalité, forensics… Elle est chargée de prévenir et de réagir en cas d’incidents de sécurité informatique.

En amont, elle assure notamment une veille sécurité (les nouvelles attaques, les nouveaux logiciels malveillants, les dernières vulnérabilités) pour « connaître »  l’état de la menace et évaluer les propres vulnérabilités de son organisation.

En aval, elle analyse et traite les incidents de sécurité en aidant à leur résolution. C’est une équipe qui centralise et sert de relais que ce soit en interne et ou externe de l’entreprise car la communication est une de ses fonctions principales.

Typologie des CSIRT : nationaux, internes, commerciaux et autres

CSIRT internes : opérant au sein des entreprises ou administrations (comme ceux de la Société Générale ou de BNP Paribas), ils agissent pour sécuriser leurs propres infrastructures.

CSIRT commerciaux : ils sont externalisés et proposent des services aux entreprises ne disposant pas d’une équipe interne dédiée à la réponse aux incidents. Par exemple, des entreprises comme Intrinsec ou Devoteam fournissent ces services.

Pourquoi mettre en place un CSIRT dans une organisation ?

Les cyberattaques sont de plus en plus fréquentes et variées, et les entreprises doivent se préparer non seulement à se protéger, mais aussi à détecter et réagir rapidement en cas d’incident.

C’est pourquoi après avoir misé sur la prévention et la protection, nous devons investir dans la détection et la réaction. Détecter pour identifier le plus en amont possible une tentative d’attaque, un comportement anormal sur ses réseaux ou une exfiltration de données. Répondre en étant préparé à réagir en cas d’incident de sécurité (attaque virale, DDoS, phishing…) à travers un véritable processus de gestion et de réponse à incident qui va être piloté et mis en œuvre par un équipe de type CSIRT.

Son avantage est de centraliser la réponse à incident mais également de servir de relai vers l’intérieur de l’organisation (pour prévenir les menaces en informant et sensibilisant) et surtout vers l’extérieur à destinations des autres CSIRT et CERT et de la communauté sécurité en général.  Des initiatives ont été rapidement lancées pour regrouper les CSIRT du monde entier et leur permettre de coopérer :

  • Le TF-CSIRT, qui a pour mission piloter une plateforme d’échange d’expériences pour la communauté européenne et d’aider à la création de nouveaux CSIRT.
  • Le FIRST (Forum of Incident Response and Security Teams), qui est une organisation mondiale qui regroupe 286 CSIRT et CERT. Comme TF-CSIRT, il s’agit avant tout d’un cercle de confiance dans lequel les différentes équipes de réponse à incident peuvent partager de l’information et des bonnes pratiques. Le FIRST organise également une conférence annuelle internationale.

Le paysage des CSIRT en France et en Europe

L’ENISA (European Network and Information Security Agency), l’agence européenne de sécurité des systèmes d’information, recense les centres européens sur son site Internet via une carte interactive.

L’état des CSIRT en France a évolué ces dernières années. Selon les dernières informations de l’ENISA, plusieurs CSIRT sont toujours actifs, mais certains ont changé ou fusionné.

  • le CERTA est toujours le CERT de l’administration française. Il reste une référence pour la sécurité informatique gouvernementale.
  • le CERT-Solucom n’existe plus sous cette forme. Depuis la fusion avec Wavestone, il est désormais intégré dans les services de cybersécurité de ce cabinet de conseil.
  • le Cert-IST dédié à l’industrie, reste actif et est toujours affilié à TF-CSIRT et FIRST.
  • le CERT-DEVOTEAM et CERT-Intrinsec continuent d’exister en tant que CSIRT commerciaux, offrant des services externalisés de réponse aux incidents et de cybersécurité. ;
  • le CERT-LEXSI a été acquis par Orange Cyberdefense en 2016. Il continue d’opérer sous cette nouvelle structure.
  • le CERT-RENATER reste le CERT pour les membres de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche.
  • le CERT-Societe Generale est toujours actif et a maintenu son accréditation au FIRST.
  • le CERT-XMCO fonctionne toujours comme un CSIRT commercial.
  • le CERT La Poste est le CERT interne du Groupe La Poste ;
  • Le CSIRT BNP Paribas est un CSIRT interne du groupe BNP Paribas
  • le ORANGE-CERT-CC est le CERT interne d’Orange.

Le nombre de CSIRT en France continue d’augmenter avec la création de nouveaux centres et l’intégration d’équipes dans les réseaux FIRST et TF-CSIRT. Par ailleurs, la création de CSIRT territoriaux depuis 2021, dans le cadre du plan France Relance, vise à renforcer la cybersécurité au niveau régional.

Il est également notable que l’association InterCERT France, officialisée en 2021, regroupe de plus en plus de membres pour faciliter l’échange d’expertise et d’informations entre les différents CSIRT du pays.

Rôle du TF-CSIRT et du FIRST dans la coordination internationale

Face à la multiplication des cybermenaces, la collaboration entre CSIRT est devenue cruciale. Deux structures jouent un rôle clé à l’échelle internationale : le TF-CSIRT et le FIRST. En 2025, le premier référence désormais plus de 500 équipes à travers l’Europe, toutes inscrites dans le réseau Trusted Introducer. Cette montée en puissance reflète l’engagement croissant des organisations à se structurer pour mieux répondre aux incidents.

Le FIRST (Forum of Incident Response and Security Teams), quant à lui, regroupe 605 CSIRT et CERT répartis dans plus de 100 pays. Cette organisation mondiale représente aujourd’hui un véritable cercle de confiance. Elle permet un échange sécurisé d’informations stratégiques et tactiques, ainsi que le développement de bonnes pratiques partagées.

Chaque année, les équipes se retrouvent pour une conférence internationale dédiée aux nouveaux défis en cybersécurité. En juin 2025, c’est à Copenhague qu’a eu lieu le dernier grand rassemblement. Une occasion unique pour les CSIRT de renforcer leur coopération, de suivre des formations avancées et de discuter des tendances les plus récentes, comme la lutte contre les ransomwares ciblant les infrastructures critiques.

L’expansion continue de ces réseaux démontre l’importance croissante de la réponse coordonnée aux incidents. Pour les CSIRT, l’adhésion à ces structures n’est plus un choix mais une nécessité stratégique, afin de garantir une défense collective plus efficace face à l’escalade des attaques numériques.

L’impact de la directive NIS2 sur les CSIRT européens

La directive NIS2, adoptée en 2023, a profondément modifié le cadre de fonctionnement des CSIRT en Europe. Elle renforce les obligations des États membres en matière de sécurité des réseaux et impose de nouvelles normes de coopération entre les CSIRT. L’un des principaux changements concerne l’amélioration du partage d’informations et la coordination lors des incidents transfrontaliers. La directive oblige également les organisations critiques à signaler tout incident de cybersécurité majeur, sous peine de sanctions.

En réponse, les CSIRT doivent mettre en place des processus plus robustes pour surveiller et signaler les menaces. Cette directive encourage également le développement de capacités nationales de réponse aux incidents. Pour cela, il faudra investr dans la formation et l’équipement des CSIRT. En somme, la NIS2 vise à créer un environnement plus sécurisé en facilitant la collaboration entre les CSIRT et en standardisant les pratiques de gestion des incidents à travers l’Europe.

Comment évaluer la maturité d’un CSIRT ?

L’évaluation de la maturité d’un CSIRT est cruciale pour déterminer son efficacité à gérer les incidents de cybersécurité. L’ENISA propose un cadre de maturité basé sur plusieurs critères. Cela inclue la gestion des incidents, la planification stratégique et la coordination avec d’autres équipes.

Ce modèle identifie différents niveaux de maturité, de l’initiation à l’optimisation. À chaque étape, des pratiques spécifiques doivent être mise en place, comme l’existence de procédures documentées, la formation continue des membres et l’utilisation d’outils d’analyse avancés. En outre, l’évaluation prend en compte la capacité à interagir avec des entités externes pour la coordination et le partage d’informations. Ces évaluations régulières permettent de cibler les axes d’amélioration, et favorise ainsi une réponse plus rapide et plus efficace face aux menaces émergentes.

Quels sont les défis actuels pour les CSIRT ?

Les CSIRT français font face à plusieurs défis, notamment le manque de personnel qualifié. La pénurie d’experts en cybersécurité limite la capacité des équipes à réagir efficacement aux incidents. De plus, l’évolution rapide des menaces exige une formation continue et des compétences techniques diversifiées. Un autre défi est l’alignement avec les exigences de la directive NIS2, qui impose des standards plus stricts en matière de sécurité.

Les CSIRT doivent également améliorer leur collaboration avec d’autres entités, telles que les autorités nationales et les CERT européens. Cela renforcera la coordination et le partage d’informations. La complexité croissante des cyberattaques requiert une adaptation constante des outils et des méthodologies. Surtout, celle qui cible les infrastructures critiques, Face à ces enjeux, les CSIRT doivent renforcer leur résilience et leur capacité à innover pour rester efficaces.

L’évolution des missions face aux nouvelles menaces

Les CSIRT doivent constamment adapter leurs stratégies pour répondre aux nouvelles menaces, telles que les ransomwares et les cyberattaques ciblant les infrastructures critiques. Initialement focalisés sur la gestion des incidents classiques, ces équipes s’orientent désormais vers une approche proactive. Ils investissent dans des outils d’analyse avancée et de détection des menaces pour anticiper les attaques avant qu’elles ne se produisent.

L’utilisation de l’intelligence artificielle et du machine learning permet aux CSIRT d’identifier des comportements anormaux dans les réseaux et de détecter des intrusions complexes. Par ailleurs, les CSIRT se concentrent de plus en plus sur la sensibilisation et la formation en interne, afin de renforcer la résilience des organisations. Ils collaborent aussi étroitement avec d’autres entités, telles que les CERT nationaux et les organismes de régulation, pour un partage d’information optimal face aux menaces sophistiquées. Ces évolutions montrent l’importance croissante des CSIRT dans le paysage de la cybersécurité moderne.

L’évolution des CSIRT et leur avenir face aux cybermenaces

L’avenir des équipes de réponse aux incidents de cybersécurité (CSIRT) s’annonce riche en opportunités, même face à des défis croissants. Les évolutions technologiques en cours jouent un rôle déterminant dans la transformation de ces équipes.

L’adoption de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique permet de détecter les cybermenaces plus rapidement et d’automatiser les réponses. Ce qui rend les opérations plus efficaces. De plus, la collaboration inter-entreprises se renforce en vue de favoriser le partage de renseignements critiques et l’élaboration de stratégies communes pour contrer les attaques.

À l’avenir, les CSIRT seront amenés à intégrer des outils de visualisation avancés pour analyser les données en temps réel. En même temps, ils pourront améliorer leur capacité à gérer la sécurité des dispositifs IoT en pleine expansion. La sensibilisation et l’éducation des utilisateurs finaux deviendront également des priorités. Effectivement, une main-d’œuvre informée est cruciale pour prévenir les incidents.

Les CSIRT pourront ainsi améliorer leur réactivité face aux crises via ces innovations. Parallèlement à cela, ils seront en mesure de minimiser les interruptions d’activité. Ce qui permet de garantir la résilience des organisations face aux menaces cybernétiques de demain.

Fonctions et responsabilités d’une équipe d’intervention en sécurité informatique

L’analyste spécialisé dans la gestion des crises de cybersécurité ou CSIRT exerce habituellement ses fonctions au sein d’une structure dédiée à la réponse aux urgences numériques. Cette unité constitue un assemblage de professionnels qualifiés, aux compétences diverses, qui collaborent afin d’évaluer la portée d’une intrusion, de concevoir des stratégies d’atténuation et ultimement de restaurer l’intégrité des systèmes affectés.

Les attributions essentielles de cette structure spécialisée comprennent plusieurs volets fondamentaux. La première mission consiste à regrouper toutes les demandes d’assistance suite aux compromissions de sécurité qui affectent les infrastructures numériques. Ce travail implique la collecte des signalements, l’examen des manifestations suspectes et l’identification des liens potentiels entre différents événements.

Le second axe concerne le traitement opérationnel des signaux d’alerte et la mise en œuvre des contre-mesures appropriées. Cette dimension comprend des investigations techniques approfondies, des communications avec d’autres équipes similaires et la participation à des recherches spécifiques sur les menaces émergentes.

Le CSIRT se charge également de la constitution et l’actualisation constante d’un référentiel documentant les failles de sécurité connues. L’équipe assume une mission préventive par la dissémination d’informations concernant les précautions recommandées pour réduire les probabilités d’incidents ou minimiser leurs conséquences.

Fonctionnement et rôle des CSIRT en France

En France comme en Europe, les CSIRT sont devenus des structures indispensables dans les stratégies de cybersécurité, aussi bien pour les entreprises privées que les institutions publiques. Ces équipes permettent de centraliser la gestion des incidents de sécurité informatique. En outre, elles facilitent l’analyse rapide des menaces et permettent de réagir efficacement face aux cyberattaques.

Avec la flambée des attaques ciblant les infrastructures critiques, la création de CSIRT nationaux, régionaux et sectoriels s’est accélérée. Ceci, notamment sous l’impulsion de la directive NIS2.

À l’échelle européenne, la coordination entre les différents CSIRT est assurée par des réseaux comme le TF-CSIRT ou le FIRST. Ce qui facilite les échanges d’information en temps réel et le partage de bonnes pratiques.

En France, par contre, le CERT-FR est piloté par l’ANSSI. Par ailleurs, les CSIRT territoriaux soutenus par le plan France Relance. D’autres le sont par des équipes internes de grandes entreprises comme Orange, La Poste ou BNP Paribas illustrent la diversité des dispositifs mis en place. Grâce à cette structuration renforcée, les CSIRT jouent un rôle clé dans la résilience numérique du pays. Ceci, en anticipant les menaces, en formant les acteurs locaux, et en contribuant à une cybersécurité plus robuste à l’échelle européenne.

FAQ

Quelle est la différence entre un CERT et un CSIRT ?

Le CERT (Computer Emergency Response Team) est une équipe spécialisée dans la gestion des incidents de sécurité informatique. Le terme CSIRT (Computer Security Incident Response Team) désigne une structure plus large qui intègre non seulement la réponse aux incidents mais aussi l’analyse préventive et la coordination stratégique. Les CERT se concentrent davantage sur la réaction aux crises tandis que les CSIRT englobent un spectre plus complet de la sécurité informatique.

Quelles sont les missions d’un consultant CSIRT ?

Un consultant CSIRT analyse les menaces potentielles, développe des procédures de réponse aux incidents et coordonne les actions lors d’une attaque informatique. Il réalise également des investigations numériques, établit la chronologie des incidents et formule des recommandations pour renforcer la sécurité du système. Son rôle implique aussi la communication avec les différentes parties prenantes et la documentation des incidents pour amélioration continue.

Quels sont les différents types de CSIRT ?

Les CSIRT nationaux protègent les infrastructures critiques à l’échelle d’un pays. En revanche, les CSIRT sectoriels se spécialisent dans des domaines spécifiques comme la finance ou la santé. En outre, les CSIRT internes opèrent au sein d’une organisation unique, tandis que les CSIRT académiques servent les institutions éducatives et de recherche. Les CSIRT commerciaux fournissent des services de réponse aux incidents à leurs clients sous forme de prestations.

Sources et pour en savoir plus :